MADAME MARIE CAPDESSUS. BUROS. DE 1933 A 2019. PAGE 1.
TEXTE DE SERGE CAPDESSUS
LU PENDANT LES OBSÈQUES DE MARIE LE JEUDI 9 MAI 2019
Je choisis ici dans ce lieu sacré pour parler de Marie, ma maman, trois verbes. Le verbe aimer, le verbe respecter, le verbe lutter.
Le verbe aimer
Maman a aimé toute sa vie, d'un amour intense, généreux et profond. Fille d'une famille paysanne elle a commencé par aimer ses parents, sa grand mère, ses frères ses sœurs, sa tante, ses cousines et tout cet environnement traditionnel d'une France rurale qui n'existe plus que dans nos mémoires. Cet amour a posé les fondations de ce qui sera sa vie.
Puis elle a, très jeune, découvert le monde de la grande ville, des études, de l’anonymat urbain et des distances sociales. Dans cette période dure et difficile, sa générosité naturelle s'est construite, s'est installée. Au début de l'âge adulte, elle fait la rencontre essentielle majeure qui marquera toute son existence, qui donnera un sens à sa vie. Elle rencontre François, l'homme qu'elle aimera passionnément, qu'elle ne cessera jamais d'aimer jusqu'à son dernier souffle.
Puis ce furent ses trois enfants, leurs proches, ses petits enfants, ses élèves, ses anciens élèves, ses amis, ses collègues, ses copains de vélo etc ...
Elle n'aimait pas tout et tout le monde mais ceux et celles qu'elle aimait, ce qu'elle aimait, elle mettait au service de cet amour, tout son cœur, toute son énergie, toute sa volonté qui étaient tous trois immenses.
le verbe respecter
A l’école, tout le monde, enfants et adultes, tous mes copains, l'appelait Madame, même moi. Elle imposait le respect à tous. Sa vie entière a été une vie de respect. Respect de tous les gens qui l'entouraient, respect de ses élèves qu'elle aimait tous sans distinction, respect de tout le monde, des différences, des convictions, des cultures, respect de tous ses engagements au service des siens, au service de son école publique, de ses idées, de ses convictions. Elle n'a marqué là aussi ni doute, ni faiblesse, ni renoncement.
le verbe lutter
Maman a toujours aimé progresser, avancer, créer, pour elle, mais surtout pour les autres. Depuis la petite fille de 10 ans qui partait avec son père en voiture en cheval au lycée de Pau et à son funeste internat, jusqu'à sa vie de directrice d’école de Buros, aimée et respectée, quel beau chemin parcouru.... La vie n'a pas été toujours simple, facile et évidente pour elle, mais elle a toujours refusé de reculer, de renoncer, de fatiguer devant la difficulté, les oppositions, la douleur, la pente du col, la maladie, les roches du sommet, les drames... Notre Marie aimait les défis et a toujours réussi malgré tout à construire, à progresser, à avancer. A l'age de 75 ans elle gravissait à vélo le Tourmalet. Par deux fois, elle met pied à terre, et à chaque fois, elle repart et arrive en haut du col...entouré des siens et d'une foule d'admirateurs. Vingt fois, cinquante fois, cent fois dans sa vie, dans sa chair, dans son intégrité physique et morale, elle a été percutée, mise à terre, jetée au sol. Chaque fois, chaque fois, chaque fois, elle s'est relevée, a fait reculer l'adversaire, l'ennemi, par sa seule énergie, par sa seule volonté. Jusqu'à sa dernière heure, jusqu'à sa dernière minute, je l'ai vu ferrailler, résister, refuser de lâcher, lutter encore et toujours face à cette maladie terrible qui avançait sournoise, implacable féroce.
Cette dureté au mal, ce goût de l'effort, ce refus de reculer, cette volonté de combat pour la vie, fait l'admiration de tous ceux qui l'ont approchée et surtout la mienne.
TEXTE DE PIERRE CAPDESSUS
LU PENDANT LES OBSÈQUES DE MARIE LE JEUDI 9 MAI 2019
Bonjour à tous, Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Pierre, le petit fils de Marie et le fils de Serge. Je souhaitais vous dire quelques mots sur ma grand mère et je crois parler au nom de mes cousines et de mon frère ainsi qu’au nom de tous ceux qui pourront se reconnaître. Je sais, par ce que je connais de ma famille, que Mamie s'est battue toute sa vie avec une force incroyable. Bien qu’elle ait eu à affronter la disparition prématurée de son époux François et de son fils Alain, elle a su par sa force intérieure élever toute seule ses enfants, de manière admirable. Je n'ai pas connu cette époque. Toutefois, je n'ai jamais ressenti le poids des épreuves que Mamie a traversé, ce que je trouve extraordinaire.
Au fil des années, j'ai pris conscience de la force de caractère qui était la sienne. Comment ? C'est ce dont j'aimerais vous parler maintenant.
D'abord, Mamie est une des premières personnes à m'avoir appris à lire ou plutôt à aimer la lecture. Petit, la lecture se réduisait à un devoir barbant de ma scolarité. Mais, se refusant à me donner uniquement de l'argent de poche à mes anniversaires, Mamie m'offrait un policier ou un roman facile à lire. Ca n'a l'air de rien, mais des années après, en terminale, n’aimant toujours pas vraiment lire, je me suis forcé à acheter un livre d'histoire des sciences, ce qui m'a passionné et a à coup sur, orienté mes études professionnelles. Je sais désormais que c'est grâce à elle.
Les souvenirs que j'ai de Mamie, c’est aussi le goût des bonnes choses. Quiconque ayant fait un repas avec ma grand-mère sait de quoi je parle. Les tartes, les crêpes, les îles flottantes, les merveilles, et tous ces plats dont j'ignore le nom mais dont la saveur reste intacte dans mes pensées. Mamie aimait cuisiner pour ceux qu'elle aimait. Quand je me prends à bricoler une patte à tarte pour quatre personnes, je conçois aujourd'hui la logistique qu'elle devait mettre en place pour ces dimanches de fêtes et tout cela, avec le sourire. Elle aimait recevoir et nous aimions être à sa table. Mais ce qui pour moi en faisait une grand mère hors du commun tient dans sa constitution sportive remarquable.
Petit, mon père et son frère ont été envoyés en colonie de vacances, presque forcés, au centre de loisir de l'Abérouat, en vallée d'Aspe. Le virus de la montagne a pris chez eux ainsi que chez leur sœur, Françoise. Ils n'ont bien sûr pas gardé cette passion pour eux, ils l'ont transmis à leur enfants: Marion, Mathilde, Rémi et moi même. Cela nous a permis de découvrir à notre tour les joies de la montagne. Nous avons fait de nombreux voyages et randonnées ensemble, avec Mamie qui avançait d'un pas calme mais assuré. A travers ses enfants, c'est tout un goût de l'effort qu'elle nous a transmis. Il y a la randonnée, mais il y a aussi le vélo ! A la retraite, les élèves de Mamie lui ont offert une bicyclette. Donc, elle s'y est mise. Résultat, à 75 ans, elle faisait plus de 10 000 km par an. Ce goût pour le vélo, elle l'a aussi transmis à mon père et moi même. J'ai eu la chance de faire le Tourmalet, col légendaire des Pyrénées avec elle et mon père. Trois générations réunies dans un même effort. Mamie avait 75 ans, j'en avais 18.
Depuis plusieurs années, la maladie s'était emparée de Mamie. Elle a fait face avec le caractère qu'on lui connaît. Mais, ces derniers temps son état s'était fortement dégradé. Samedi dernier, Mamie a livré son dernier combat. Elle est partie, sans souffrance, dans les bras de son fils. En paix. Je veux croire que Mamie est encore avec nous à travers tous les bons souvenirs que nous avons vécu avec elle.
C'est à nous, ses enfants, ses parents, ses amis, de faire perdurer sa mémoire en gardant précieusement ces moments de vie au fond de notre cœur. Rappelons nous de Marie du cyclo, Marie des montagnes, Marie des merveilles, Marie dont le sourire vous donne l’énergie de toujours repartir. Merci a vous tous d’être réunis aujourd’hui autour d’elle.
TEXTE DE GERARD ROBESSON
DIT PENDANT LES OBSÈQUES DE MARIE LE JEUDI 9 MAI 2019
Hommage à Marie Capdessus
Serge a tenu à ce que l’on évoque la passion de Marie pour la Petite Reine !
Je me ferai le porte-parole de tous ceux qui l’ont accompagnée sur les routes du Béarn et d’ailleurs, même si je n’ai pas eu le privilège de la suivre partout ! C’eût été une gageure !
Marie a deux points communs avec moi. Une jeunesse chez les Francs et Franches Camarades, les Francas aujourd’hui… et sur le tard, la passion du vélo !
Concernant Marie, je crois donc que l’on peut parler d’Engagement, d’Épreuves, d’Enthousiasme…
Et pour les Passionnés du vélo, au-delà de l’occupation de l’espace routier, pas toujours appréciée, et pas toujours aisée, il y a cette espèce d’alchimie qui s’opère, au moment-même où vous grimpez sur la selle. Quand je parle de grimper, c’est un terme qui a son importance.
Quand on habite Buros, d’où qu’on parte, et où qu’on revienne, il faut grimper. Et Marie ne rechignait pas à surmonter ces épreuves, comme elle a su surmonter les épreuves de la vie qui ne l’ont pas épargnée.
Je crois profondément que la bicyclette fut pour elle une sorte de thérapie aussi, où le physique et le mental ne font qu’un, et se renforcent mutuellement !
Elle partait dans le vent, qu’elle écoutait doucement, à la recherche de la réponse à toutes ses questions.
Je me souviens, car c’est ancré en moi, de deux anecdotes qui illustrent bien la détermination et l’enthousiasme de Marie.
C’était une belle journée, et nous avions gravi la Croix Blanche entre Lourdes et Bagnères. Arrivée là-haut, elle me dit à peu près ceci: « Eh bien ! Je suis contente ! Je ne savais pas si je pouvais encore monter ici ! Et j’ai réussi ! »
Une autre fois, plus cocasse, avec le Club, nous étions quelque part en Dordogne, je crois. Marie bataillait dans une montée, en tête de notre groupe. L’un d’entre nous pousse malicieusement une cyclote qui était derrière Marie, et la propulse juste sur la ligne d’arrivée, au point que Marie est battue sur le fil. Je l’entends dire « Eh bien ! Elle a fait des progrès ! L’année dernière, en Corse, je la battais ! ».
Voilà !
Je parlais d’Engagement, Marie ne faisait rien à moitié !
Je parlais d’Épreuves, elles furent entières, aussi bien celles qu’elle a subies, que celles qu’elle allait affronter.
Je parlais d’Enthousiasme, il animait Marie à tout instant !
Merci , Marie, pour ces Leçons de Vie !