MA TRAVERSEE HIVERNALE DES PYRENEES. JANVIER 2020.
RECIT DE MA TRAVERSEE HIVERNALE
DES PYRENEES A VELO ET EN SOLO.
HIVER 2020
74 COLS GRAVIS
948 KILOMETRES PARCOURUS
Premier tronçon
De Caudiès de Fenouillèdes (66) à Limoux (11)
6 étapes
1er jour.
PROLOGUE.
DE CAUDIES DE FENOUILLEDES (66) A ARGELES SUR MER (66).
19 JANVIER 2020.
78 KILOMETRES.
3 COLS.
Mon idée était de traverser pour la 4ème fois les Pyrénées mais cette fois à vélo et surtout en hiver. Je voulais au départ reconstituer l'équipe de 2016, ma dream team Véro, Pierre, Maurice, Jean Francois, Rémi et Stephane. Mais certains travaillent et les autres étaient blessés, pas possible de repartir... J'ai tracé un itinéraire le plus près possible de la crête frontière et des hébergements, j'ai fixé la date de départ et me voilà parti pour cette aventure en solo...
Cloué au sol par une grève des agents SNCF, je suis d'abord déposé en voiture à Caudiès de Fenouillèdes (66) vers midi ce jour là. Le temps est frais, le ciel moyennement nuageux, les conditions sont donc plutôt favorables pour rouler.
J'emprunte aussitôt l'ancienne RN 117, étonnement déserte en ce dimanche après midi. Je roule facilement et rapidement sur cette route de fond de vallée qui descend légèrement. J'arrive à Saint Paul de Fenouillèdes que je reconnais bien pour l'avoir traversé déjà à plusieurs reprises. Je ne pose pas le pied à terre et continue toujours sur le même axe. Je franchis le COL DE BOSE 234 mètres sans le voir vraiment et continue ma descente vers la mer.
J'atteins sans difficulté la petite ville d'Estagel, je traverse le Maury, encore tout calme et j'attaque aussitôt la première montée de la journée. J'arrive tranquillement au COL DE LA DONA 199 METRES. Il fait beau, j'ai vraiment le temps de stopper pour prendre une photo. Je plonge alors aussitôt dans le versant sud et en suivant toujours la même route, étroite, ensoleillée et déserte, j'arrive à Pezilla la Rivière. Je me rapproche de la riviere, la Tet, toute calme et paisible. Je la traverse sur un petit gué bétonné...ce calme ne durera pas bien longtemps.
J'arrive ainsi à Saint Feliu d'Aval et toujours avec un temps très agréable, je traverse rapidement la petite ville de Thuir. Le centre historique est vraiment de toute beauté mais je n'ai pas le temps de m'y arrêter. Je prends aussitôt la route de la Mer en traversant d'abord Llupia et Trouillas. Je passe au dessus de l'autoroute et ensuite ai un peu de mal avec un gros carrefour très fréquenté avec plein de gendarmes et leur radar. Ce n'est pas le moment de faire le malin... Après quelques manœuvres audacieuses sur la route, je trouve une petite route qui me mène au sympathique COL D'EN PIQUES 90 METRES.
Le temps reste ensoleillé et fort agréable. Je retrouve le carrefour aux gendarmes et file vers Elne en traversant Bages et Montescot.
Bien évidemment, après Elne, rien n'est prévu pour le pauvre cycliste qui ne peut alors emprunter la quatre voies qui file vers l'Espagne. J'ai un peu de mal mais j'arrive tout de même à trouver l'itinéraire en suivant au jugé des petites routes mal goudronnées. J'arrive heureux à Argelès, ville balnéaire très calme. Cinquante ans après ma précédente visite me revoilà sur cette plage .
Je trouve rapidement l'hôtel "Centre Plage" une excellente adresse. J'y passe une très bonne nuit.
DEUXIÈME JOUR. PREMIÈRE ETAPE
DE ARGELES SUR MER (66) JUSQU'A LA JONQUERA (ESPAGNE)
20 JANVIER 2020.
99 KILOMETRES
11 COLS
Au lever, tout va bien. Je me prépare rapidement dans ma chambre, passe au petit déjeuner pour mon premier repas, plutot agréable malgré une coupure de courant. Quand je quitte l’hôtel, le ciel est nettement plus nuageux que la veille, nettement plus sombre. Je quitte la ville et trouve aussitôt la route du sud. J'arrive rapidement à Collioure même si je me heurte souvent à des panneaux indicateurs bien peu clairs pour des cyclistes. Je traverse cette magnifique cité sans prendre le temps de m'y arrêter, j'arrive à Port Vendres que je connais davantage pour y avoir déjà dormi à plusieurs reprises.
A la sortie de Port Vendres je monte jusqu'au niveau de la route nationale qui va m'emmener en Espagne. J'atteins ainsi rapidement le COL DE LAS PORTAS 77 mètres. Le temps fraîchit de plus en plus. J’hésite mais finalement je ne peux résister et je file sur la petite route goudronnée qui monte vers la montagne. Je vais ainsi gravir le COL DEL MIG 101 mètres et un peu plus loin le COL PERDIGUER 125 mètres. Le vent commence à forcir de plus en plus. Je roule maintenant sur la RD de bord de mer, large et bien asphaltée. Je franchis le COL DE PERE CARNERA 67 mètres et suis étonné de voir apparaître la plage des Elmes, si chère à mon cœur. Et voilà Banyuls la magnifique, au sein de laquelle j'ai vécu quelques semaines de bonheur pur et intégral, il y a de cela maintenant très longtemps. Le centre ville est désert, je pose juste le vélo 2 minutes pour une brève séance de photos devant la mairie et je repars. Je me crois pas loin de la frontière, je me trompe lourdement.
Je continue à rouler sur cette magnifique route côtière fréquentée par de très rares automobilistes et atteins Cerbère alors que le mauvais temps s'installe de plus en plus. Je manque à plusieurs reprises de faire une méchante glissade dans la pente, poussé par les rafales de vent... mais heureusement rien de fâcheux ne se produit et me voilà à Cerbère alors que la pluie commence à tomber sérieusement.
A Cerbère je suis au niveau de la mer et la route pour franchir la crête rocheuse qui me fait face, m'oblige à grimper jusqu'au COL DES BELITRES 165 METRES.
Tout cela pour redescendre au niveau de la mer, traverser la ville de Port Bou et remonter à nouveau sur la crête suivante. Sur la plage, les vagues de plus en plus grosses, de plus en plus noires, grondent de plus en plus. Le spectacle devient terrifiant sur ce bord de mer. Dans quelques heures ce sera l'apocalypse, mais cela, je l'ignore complètement.
Je franchis le COL DEL FRARE 205 METRES et plonge sans attendre vers Colera la ville suivante sur la côte. Le village est totalement désert. Comme la descente m'a bien refroidit, je quitte la route principale et m'enfonce dans le village à la recherche d'un abri. Je trouve un bar ouvert pour une bonne petite halte. Quelques renseignements, un café plus tard, je repars. La route monte sur la crête suivante qui n'est pas très haute, heureusement. COL DE SAN ANTONI 69 mètres.
Alors que le temps continue à se dégrader, j'emprunte cette piste en bon état de roulement mais qui monte un peu trop fort à mon gout. Avec mes sacoches, je ne suis vraiment pas à l'aise sur ce terrain entouré en plus par ce climat de plus en plus hostile. La piste suit normalement le fil de la crête légèrement boisée de pins et autres résineux. J'arrive à une portion un peu plus roulante et j'en profite pour donner quelques coups de pédales. Je traverse sans le voir le COL DE LA PERICA 85 mètres et je continue aussitôt sur cette même piste. Le paysage serait vraiment magnifique s'il n'y avait pas ce vent et cette pluie quasi continuels. J'insiste, je pousse, je roule. Je suis dépassé par deux véhicules qui me doublent comme si de rien n'était. La piste devient maintenant presque roulante et je suis rassuré de voir que je progresse assez bien. Je sais qu'il me reste encore une longue route à parcourir et peu à peu le doute s'insinue en moi. J’arrive au COL DE POCA SANG 226 mètres mais je suis fort déçu de voir que la piste recommence à monter et moi donc à pousser mon vélo. Arrive un carrefour, je regarde la carte sur mon téléphone et je prends alors la décision d'abandonner l’idée de traverser par la crête frontière en privilégiant la prudence et la sécurité de la route. Pour ne pas rentrer bredouille, je pousse tout de même jusqu'à LA COLLADA 341 mètres puis deux virages plus haut jusqu'au COL DES TRES CAMINS 388 mètres. La piste file alors vers des pentes de plus en plus noires, de plus en plus hostiles, de plus en plus perdues. Je ne me vois pas continuer ainsi, seul en pleine tempête qui se lève nettement. Dans ces circonstances la solidité de Pierre ou de Rémi, mes fils, me manque pour continuer à avancer mais je suis aussi soulagé de ne pas les avoir embarqué dans cette galère de vent, de pluie et de froid.
Le retour jusqu'à la route est plus lent que je ne l'espérais car la piste est rude à descendre avec ses raidillons et ses cailloux roulants. Revoilà enfin le goudron au col routier et je plonge aussitôt dans la pente. J'arrive rapidement à la plage de Garbet secouée par des vagues terrifiantes. Il pleut vraiment fort et j'appuie sur mes pédales tant que je peux. La route continue de longer la mer, ma traversée des Pyrénées n'a pas encore commencé!
Je dépasse Llanca, je cherche ou un bar ou un panneau. Mais rien de rien, il n'y a que de la pluie et du vent dans ce coin! Je reconnais cet endroit, j'y ai déjà roulé... L'heure n'est pas à la contemplation ni à la recherche de cols, je roule à grands coups de pédale pour ne pas mourir de froid. Alors que je calcule les kilomètres à parcourir par cette route j'arrive devant un carrefour avec un panneau indiquant La Jonquera. Je prends donc cette route qui file vers le nord ouest. Bien calé sur la droite de cette route je me lance à avaler ces kilomètres de goudron qui me séparent de l'hôtel du soir.
Soudain sur ma gauche, un miracle se produit.... J'aperçois un sympathique et magnifique restaurant, bien chauffé et accueillant. Je m'y réfugie pendant une heure ou deux pour me restaurer et surtout me réchauffer et me sécher un peu.
Quand je sors du restaurant, la pluie n'a pas cessé une minute, tout est trempé, rincé, froid. J'ai pu tout de même me réchauffer à l'intérieur de cet établissement et je pars gaillardement vers l'hôtel du soir. Je vais ainsi, sous cette pluie batante, couvrir les 26 km qui me restent sur une route peu fréquentée et assez large, sans trop de difficultés. Bien évidemment, je ne cesse de penser aux miens qui ne m'oublient pas et aussi au chauffage qui m'attend dans ma chambre d'hôtel. Il pleut, il pleut sans cesse. La pluie pénètre partout, dans les chaussures, dans les gants, dans le cuissard... Le vent du matin a maintenant disparu et je peux donc rouler en toute sécurité pendant ces kilomètres. Je redoute le noir de la nuit quand j'arriverai sur la grande route internationale mais finalement rien de fâcheux ne se produit vraiment, j'ai la place de rouler et le jour se défends encore bien face aux attaques des nuages ....
Bien sur j'abandonne l'idée d'aller chercher quelque col que ce soit, mais traverse tout de même le PAS ESTRADA 100 mètres à quelques kilomètres de la ville de La Jonquera.
Je cherche dans cette vaste zone commerciale, me trompe une première fois d'hôtel et finit par trouver le mien. Hotel Albera un ancien bordel, entre sommaire et minable. Froid et peu confortable, il m'abrite tout de même pour une nuit spartiate.
TROISIEME JOUR. DEUXIEME ETAPE
DE LA JONQUERA (ESPAGNE) A THUIR (66)
21 JANVIER 2020.
42 KM
2 COLS
La nuit n'a pas été bien agréable dans cette petite chambre froide et inconfortable. Au matin, l'hôtel est dans le noir, il n'y a pas d'électricité. Voilà une journée qui commence bien. Je prends donc mon temps, dehors le jour n'est pas encore levé. Puis le jour se lève, il ne neige pas mais il pleut très fort. Je descends au restaurant car finalement la lumière est revenue. Je prends un petit déjeuner minable, m'équipe avec mes cinq épaisseurs sur le corps et reprends la route. Dehors tout est trempé, il pleut sans discontinuer mais pas de signe de danger visible.
Je prends donc la route...
Je traverse la ville en remontant de larges avenues presque désertes, seules quelques véhicules roulent. A la sortie de la ville un bouchon. Les voitures sont à l'arrêt. je double tout le monde, je suis le seul vélo. La circulation est stoppée à un rond point par une barrière baissée. Je franchis tout de même cet obstacle sans rien demander à personne et continue à rouler. Peu à peu la neige apparaît sur les bas cotés. Visiblement la route a déjà été déneigée par des engins. Je suis seul sur cette route froide et grise. Pas de signe de danger apparent, je continue à rouler. J'atteins ainsi la ville frontalière du Pertus. Il pleut toujours et encore.
J''arrive en ville ou je retrouve quelques voitures qui roulent lentement. Je traverse la ville. Pas le moindre magasin de matériel de sport n'est visible, je ne pourrai donc m'acheter des gants. les miens gorgés d'eau sont inutilisables. les bas-cotés et autres trottoirs sont de plus en plus enneigés, il pleut toujours.
J'atteins la partie haute de la ville. eJ renonce à gravir tout nouveau col à proximité et traverse le COL DU PERTHUS 283 METRES.
Quelques agents de la DDE font vaguement semblant de travailler et je plonge aussitôt dans le versant Français. Je suis trempé par cette pluie glacée et incessante, je sais que la vitesse de la descente va me frigorifier. Je ne serai pas déçu.
Je descends coté français, le temps est toujours aussi mauvais, froid et humide. Je reconnais bien la route déjà gravie dans l'autre sens mais aujourd'hui pas le temps ni l'envie d'apprécier le paysage. Je traverse le petit village de Les Cluses et j'arrive dans la ville du Boulou. Il pleut toujours aussi fort. Je me réfugie dans le premier bar que je trouve. C'est un PMU un peu glauque qui abrite une population locale bien désemparée, bien perdue. Je me réfugie dans le fond de la salle, j'y sèche, mange et repars après 2 heures de temps.
Dehors la pluie et la neige n'ont pas cessé une minute. Mais c'est presque sec que je retrouve la route. Je sors rapidement de la ville et après une petite halte dans le Leclerc du coin pour m'acheter une paire de gants, je reprends la direction de l'ouest.
Je longe l'autoroute puis la traverse par un passage supérieur. Juste avant d'arriver au village de Tressere je traverse sans le savoir le COL DE ROSSO 135 mètres. Il continue de pleuvoir, je traverse le village de Passa. Sous un abri bus un jeune me renseigne gentiment et j'arrive à Fourques. Les champs sont souvent inondés mais la route reste cyclable. Une dernière longueur dans ces plaines froides et humides et j'arrive à Thuir. Je rentre dans la vieille ville pour y trouver mon hôtel Joli et pas trop cher, il présente bien, malheureusement, tres peu de chauffage dans la chambre... La soirée sera tout de même douce et agréable.
QUATRIEME JOUR. TROISIEME ETAPE
DE THUIR (66) A SAINT PAUL DE FENOUILLEDES (66)
22 JANVIER 2020.
45 KM
2 COLS
Il a plu toute la nuit, une pluie froide, matinée de quelques rafales de vent. Mes affaires ont juste séché le minimum dans cet hôtel Corti ou je ne reviendrai jamais. Je m'habille avec tout ce que je peux trouver dans mes sacoches et je sors. Dehors il pleut encore et toujours, Gloria ne faiblit pas. Je sors assez vite de la ville et prends la direction de Saint Feliu d'Avall en traversant une vaste plaine aux fossés débordants. Il pleut maintenant faiblement, je me sens en bonne forme. Je traverse en suivant les deux bourgades de Saint Feliu d'Amont et de Millas avant d'entamer la montée vers le col du jour.
La pluie reprend alors que je commence à monter. Je redoute l'orage mais rien ne ressemble à cela. Je suis seul sur cette petite route de montagne, doublé ou croisé par quelques rares voitures. Impossible de s'arrêter, il pleut trop, je suis trop trempé. Voici le col bien marqué qui apparait dans un rideau de pluie. COL DE LA BATAILLE 265 METRES. J'y prends quelques photos et plonge aussitôt dans la pente nord. La pluie redouble encore.
Je roule bien dans la descente mais le vent et la pluie me frigorifient immediatement. Je ne peux m'arrêter et en même temps le vent m'empêche de rouler vite. Un fourgon jaune de la DDE me double plusieurs fois, j'espère qu'ils font attention à moi et qu'ils m'aideront en cas de problème dans cette descente tumultueuse. Il n'en sera rien car leur travail terminé sur je ne sais quel caniveau sans intérêt, ils filent sans demander leur reste, en me laissant seul dans la tempête sur mon vélo, sans m'adresser le moindre mot. J'avais des doutes maintenant je le sais, ce sont de vrais cons...
Je continue ma descente, de plus en plus trempé, de plus en plus frigorifié. Je n'ai pas de mal à suivre la route car je roule bien au milieu en suivant fidèlement la ligne médiane. Je n'ai pas peur et je prie les Dieux des Cyclistes qu'il ne m'arrive à ce moment rien de fâcheux (crevaison ou autre rigolade du même genre... ).
Voici le bas de la pente qui arrive enfin. Voici Estagel. Je franchis l'Agly sur un large pont... Le spectacle y est terrifiant avec une crue énorme et dévastatrice qui occupe toute la largeur de la vallée. Il est onze heures, je me réfugie dans le PMU du centre, fréquenté par une petite foule locale qui ne me prête absolument aucune attention. Je me sèche un peu, bois mon café et je repars.
Il pleut toujours aussi fort. La route maintenant je la connais pour l'avoir parcourue à plusieurs reprises ces dernières semaines. Je sais qu'elle reste à l'écart du cours d'eau et que je vais traverser quelques bons gros villages. Il pleut toujours et je roule encore.
Voilà Maury, je suis bien trop trempé pour m'arrêter à la cave que je connais bien. Je continue à rouler, je ne sais ou je vais m'arrêter pour manger... Je franchis le COL DE BOSE 234 METRES sans le voir vraiment. Je continue de rouler et atteins le prochain village. C'est Saint Paul de Fenouillèdes. Le centre ville, désert, est rincé par une pluie froide et drue. Je stoppe devant un petit restaurant local. Un client me conseille de ne pas aller plus loin. Je ne le sais pas encore mais la route est coupée par une méchante inondation juste à la sortie du village. Je rentre dans le restaurant, on me regarde plutôt comme un emmerdeur qui va tremper le sol... Cela ne fait rien, je m'installe quand même à table et après un bon repas simple et copieux j'arrive à parler un peu avec le patron avant de reprendre mon vélo.
Quelques centaines de mètres dans le bourg et j'arrive à une chambre d'hôtes "Le Galamus" ou je me réfugie. L'accueil est sympathique et le chauffage est allumé. Parfait. Mais le patron du lieu est inquiet, l'eau monte et risque d'inonder sa cave. Je lui propose mon aide, finalement l'eau n'inondera pas la maison.
Nuit agréable après avoir regardé, bien au chaud sous ma couette, le film "Le Parrain" sur ma tablette.
CINQUIEME JOUR. QUATRIEME ETAPE.
JOURNEE DE RELACHE A SAINT PAUL DE FENOUILLEDES.
23 JANVIER 2020.
54 KILOMETRES
4 COLS
Le matin c'est toujours Gloria qui sonne la charge avec de la pluie, du vent et même des orages! Vraiment le début de l'apocalypse. Je ne peux reprendre la route alors je me contente d'un rapide aller retour à l'Intermarché du coin puis à l'épicerie du centre ville ou j'ai une petite idée de l’extrême misère sociale qui règne dans bon nombre de maisons de cette petite ville.
L'apres midi, le temps semble se calmer. Je prends alors le vélo sans sacoches et me dirige vers le nord du village. Je remonte d'abord les Gorges de Galamus, froides et désertes, encore plus impressionnantes que d'habitude. Je traverse ainsi le PAS DE LA FUMADO 483 mètres et arrive à Cubieres.
Je roule d'abord jusqu'au COL DE BANCAREL 496 mètres puis au COL D'EN GUILLEM 498 mètres. Pour me dégourdir les jambes je roule ensuite jusqu'au village de Soulatge puis je rentre à Saint Paul après être allé rechercher le COL DE BOSE 234 mètres. L'orage tonne à nouveau et sous une averse de grêle, je me hâte de retraverser ce bourg triste et perdu pour éprouver à nouveau le calme et le chauffage de la maison d'hôtes.
SIXIEME JOUR. CINQUIEME ETAPE
DE SAINT PAUL DE FENOUILLEDES (66) A LE VAUX (31).
24 JANVIER 2020.
145 KM
6 COLS
Ce matin, je recommence à y croire. Les prévisions météo sont bonnes et le ciel est plutôt dégagé. Toute va bien, je m'habille chaudement, accroche les sacoches et prends la route. Je traverse le village et afin de meubler dignement cette matinée, je file en direction de Maury afin de traverser à nouveau le COL DE BOSE 234 mètres. Il fait beau et je me lance alors dans un petit supplément. J'emprunte des pistes dans les vignobles, pistes dégradées ou même coupées par les inondations de la veille, pour gravir deux cols: D'abord le COL DES SOULS 259 METRES et puis plus loin dans la montagne, la COUILLADE DES MARCHANDS 297 METRES. C'est un drôle de parcours avec mes sacoches sur le vélo mais c'est un supplément d'effort et de paysages vraiment magnifiques qui me plait beaucoup.
Je reprends la route RN117, facile, large et roulante. Je traverse Saint Paul, Caudiès et le COL DE SEGAS 380 METRES sur la route. J'avance sans difficultés et atteins rapidement le village de Lapradelle situé juste au pied du château de Puilaurens et enfin le COL DE CAMPERIE 523 METRES.
Je sais que je suis à ce moment là au sommet d'une longue descente vers la plaine. Je ne serai pas déçu. De temps en temps des chantiers de déblaiement de route sont en cours, je roule. Je traverse les gorges de Pierre Lys, chères à mon coeur, puis voici Quillan.
La faim et la fatigue commencent à pointer mais je sais que l'étape est encore longue, ce n'est pas le moment de ramollir. Je continue donc à rouler en descendant cette vallée de l'Aude qui la veille encore était coupée en de multiples endroits. Je traverse le village d'Alet plutôt écrasé par le temps et par la misère humaine et j'arrive enfin à Limoux.
A Limoux, pas d'eau potable, des distributions ont lieu dans la ville. Je mange sur la place centrale et je repars. Je sais que maintenant m'attend un ultime long parcours de route fréquentées et en plaine. Je prends donc un certain plaisir à bien avancer à bon rythme dans ces paysages de petites collines.
J'arrive à Castelnaudary (Castel comme disent les Lauragais) stoppe à un magasin Carrefour. J'y achète de l'eau et de lait et sur le parking en bois immédiatement 1 litre et demi.
Je connais maintenant bien le trajet qu'il me reste à faire. Parvenu à proximité du Canal du Midi, je suis alors sa piste sud. C'est un magnifique parcours le long de l'eau avec platanes et canards pour uniques compagnons. Je roule et roule encore jusqu'au COL DE NAUROUZE 194 METRES.
De ce point je sais ce qu'il me reste comme distance à avaler. Je me dépêche donc de me lancer dans cette dernière portion car je sais que la nuit va bientôt tomber. C'est un parcours connu avec de nombreuses méchantes petites remontées qui pèsent sur les mollets. Je traverse le village de Les Casses, allume mes lumières et m'apprête à rouler encore pendant une bonne heure environ quand soudain un miracle se produit! A la sortie de Le Vaux, à quelques kilomètres de Saint Julia le village bien nommé, une voiture roulant face à moi, me fait des appels de phare: c'est Véro qui est venu à ma rencontre. Quelle chance!
Cette magnifique étape de 145 km s'achève là. Il fait nuit noire, je suis heureux d'être arrivé là.
Second tronçon.
De Bagnères de Luchon (31) à Ciboure (64)
5 étapes
SEPTIEME JOUR. SIXIEME ETAPE
DE LUCHON (31) A AINSA ( ESPAGNE)
30 JANVIER 2020.
121 KILOMETRES
6 COLS
Le temps est frais mais sec ce matin là. Je reprends mon VTT accroche les sacoches et reprends la route. Depuis Luchon je connais par cœur la route à suivre. Je la sais dure à souhait et je ne serai vraiment pas déçu. J'attaque la montée en moulinant au maximum de façon à essayer de ne pas trop transpirer dans cette première montée redoutable. C'est la descente que je crains fortement et son froid glacial qui saisit immanquablement le cycliste.
Voilà le haut des premières pentes, les plus redoutables. Pour le moment tout va bien et j'arrive même au PAS DE PEYRE 1100 METRES, sauvage et magnifique comme d'habitude. Après une petite boucle dans les pistes de la Moraine, je passe bien évidemment par le PAS DE L'ESCALERE 1228 METRES et je termine la première grande montée du jour. Pas trop fatigué, j'arrive seul au COL DE PEYRESOURDE 1569 METRES. Très peu de neige, cette année.
Je descends aussitôt en plongeant vers le nord. La descente est aussitôt fraîche mais j'arrive à repousser le glacé qui monte du sol. Je roule à fond les manettes dès que je le peux pour, passant par Arreau, traverser le PAS DU TIR 760 METRES.
Je reprends la direction de la montée en empruntant cette large route nationale qui parcours toute la vallée d'Aure. C'est un moment agréable qui me laisse avaler les kilomètres, tranquillement, sans stress. Il est juste 11 heures quand j'arrive à Saint Lary. Pas de neige à la station mais beaucoup de touristes dans les rues. Je remonte la rue centrale et fais une halte à l'église du Centre. Magnifique endroit avec un intérieur en très bel état.
Je reprends la route en suivant cette route nationale qui file plein sud vers l'Espagne. Je remonte cette interminable vallée d'Aragnouet qui n'en finit pas avec tous ces hameaux au fil de la route. Je m'arrête juste le temps de la pause repas auprès d'une église et je repars.
La route ne monte pas trop fort c'est facile de rouler. J'attends la montagne avec impatience et soudain je vois un premier panneau " Route interdite aux vélos" ! Je continue sans trop douter et je finis par arriver après 2 ou 3 derniers kilomètres bien pénibles à la bouche sud du tunnel. PORT DE BIELSA 1821 METRES.
Je me prépare en toute hâte, les lumières, le jaune et hop je fonce dans le tunnel. Au bout de 100 mètres environ une sirène retentit mais je ne stoppe pas et j'accélère. La sirène finit par s'arrêter et je continue à foncer. Les kilomètres passent lentement. Soudain une voiture dans l'autre sens, le chauffeur me fait de grands signes mais ne s'arrête pas, lui non plus. Je comprendrai plus tard pourquoi. Je fonce maintenant au maximum de mon énergie. J'atteins le bout du tunnel, au sens propre. Trois personnes me barrent la route, ce sont des agents de sécurité du tunnel. Bien évidemment je stoppe.
Je m'attends à une mauvaise contravention. L'homme à la voiture arrive. Il m'annonce que je n'ai pas le droit de passer à vélo. Je fais amende honorable, je ne fais pas le malin. Finalement ces gens sont gentils et ils me laissent repartir sans mal.
Je me lance alors dans une incroyable descente de 44 kilomètres, forte et froide au départ, plus douce et tranquille sur la fin mais toujours dans le même sens. Je traverse nombre de villages et j'en profite pour faire un bel arrêt café à Bielsa et un nouveau col au prix d'un petit crochet montant de 5 kilometres. COLLATA FASA 779 METRES. J'arrive à Ainsa, ville espagnole, alors que la nuit va tomber. Un sympathique hôtel m'abrite et me nourrit.
HUITIEME JOUR. SEPTIEME ETAPE.
DE AINSA ( ESPAGNE) A URDOS (64)
31 JANVIER 2020.
108 KILOMETRES
4 COLS
Après une bonne nuit de récupération , je sors sans problème de l’hôtel et de la ville d'Ainsa. Il fait beau et frais, les conditions sont idéales pour rouler.
Je remonte alors la vallée du Rio Ara en suivant une belle route bien asphaltée et beaucoup plus roulante que je ne le pensais. J'arrive ainsi aisément à Boltana que je traverse sans stopper. La circulation espagnole est fluide et le comportement des automobilistes est comme toujours sympathique et respectueux vis a vis des cyclistes. Les cols possibles sont trop hauts dans la montagne, je n'ai qu'a rouler et à avancer.
Je remonte ensuite un barranco étroit aux hautes parois froides et hostiles. L'ambiance est tellement grandiose que j'en oublie de boire et de manger. Voilà la ville de Fiscal, je sais maintenant que les choses sérieuses vont commencer...
La nouvelle route que j'emprunte remonte dans la montagne jusqu'à un grand tunnel. Il fait maintenant très beau et je souffre presque de la chaleur. La route, récente, très large est bien confortable pour rouler. Les kilomètres sont assez rapidement avalés. Je franchis 2 petits tunnels et arrive sur le grand. Aucun panneau d'interdiction des vélos, c'est parfait. Autour de moi la montagne est constituée de très grandes pentes, hautes et raides recouvertes d'une végétation dense et épaisse. Très peu de possibilités de passage en dehors de cette belle route. Arrivé au tunnel je me prépare bien et sans attendre je m'engage dans ce magnifique boyau bien éclairé. A l'intérieur, les indications de distances sont toutefois bien confuses et difficiles à interpreter. CUELLO DE PETRALBA 1594 METRES.
A l'autre bout du tunnel, c'est toujours le grand beau temps et je n'ai qu'à appuyer gaiement sur les pédales pour couvrir de la distance. Ce que je fais sans hésiter. Je dépasse Fanlillo puis Yebra de . Je n'ai toujours pas faim je ne m’arrête pas.
J’atteins Sabinianigo après une longue ligne droite de plusieurs kilomètres. J’emprunte sans trop le savoir une rocade, tout à fait accueillante car large et non surchargée. Soudain sur ma droite un complexe hôtelier. Je stoppe et y fais ma bonne pause de midi. Endroit et moment agréable. Je suis satisfait, j'ai parcouru plus de 53 kilomètres depuis ce matin. Cela me convient parfaitement.
Devant moi 18 kilomètres de route roulante me séparent de Jaca. Le temps de bien penser au précédent passage avec ma Maman, bien sur à vélo et j'arrive à Jaca que je contourne elle aussi par sa rocade nord. Je suis un peu déçu j’aurai bien aimé passer par son centre que je connais bien mais l'heure n’était pas au supplément. Je continue donc à rouler.
Je sais que j'ai devant moi une bonne trentaine de kilomètres, essentiellement en montée. Je les ai déjà parcourus, je ne suis pas inquiet, mais j'ai bien tort.
Je remonte d'abord ce fond de vallée en enchaînant rapidement les premiers petits villages. A Castiello de Jaca il fait très beau, je commence à fatiguer un peu, je stoppe pour la pause repas. C'est un autre moment agréable, je suis confiant il ne me reste que 24 kilomètres de montée.
Bien mis en forme par cette pause je vais ensuite chercher le col de la Sierra après un méchant supplément de quelques kilomètres bien raides COL DE LA SIERRA 1145 METRES. Je reprends la route nationale et remonte ensuite un à un les kilomètres qui me séparent du Somport. Au début tout va bien et j'atteins Villanua puis Canfranc et enfin Canfranc Estacion assez facilement. Je connais bien cette haute vallée, j'admire le chemin de Saint Jacques et je monte. Mais petit à petit je sens une méchante fatigue me tomber sur les mollets et plomber littéralement tous mes gestes. Ces cinq derniers kilomètres me semblent de plus en plus pénibles à remonter. Je m’arrête même 2 ou 3 fois tellement tous mes voyants internes sont au rouge. Je me rappelle le passage laborieux avec ma Maman et cela ne m’étonne pas car les pourcentages dans cette partie terminale sont élevés et dépassent souvent les 8 % ce qui avec les sacoches n'est pas mal du tout, surtout en fin d'étape. Je pioche comme un rat mort, j’arrache la distance à coup de centaines de mètres. C'est très dur mais finalement je finis par arriver à Candanchu puis enfin, après un large dernier virage au COL DU SOMPORT 1631 METRES.
Pour renforcer ma liste de cols je gravis tout de même le COL D'ASTUN 1680 METRES et me lance aussitôt dans cette magnifique descente que je connais par coeur (Peyranere, Sansanet, Forges d'Abel...) jusqu'à Urdos. J'arrive à l'Hotel des Voyageurs que je connais fort bien, vers 18 heures.
NEUVIEME JOUR. HUITIEME ETAPE.
DE URDOS (64) A IRATY
2 FEVRIER 2020.
83 KILOMETRES
12 COLS
Au matin , vers 9h30, je quitte l'excellent Hôtel des Voyageurs après une soirée "Tapas" bien animée. Je file d'abord à grands coups de pédale vers le bas de la vallée. Je traverse ainsi Etsaut, Eygun et je roule jusqu'à Osse en Aspe. Il fait très beau et c'est fort agréable de rouler dans de telles conditions. A Osse, je prends la petite route qui file, plein Ouest vers la station de La Pierre. La pente, comme prévu, se redresse aussitôt et impose un bel effort soutenu. Et là, catastrophe, la chaîne se met a dérailler sur les pignons. Est-ce la faute de la chaîne ou des pignons, je n'en sais rien mais je suis bien amer de constater cette mauvaise réalité. Dans ma tête, j'essaie de trouver une solution, je continue à rouler pendant encore quelques kilomètres puis je me rends compte qu'il n'est pas sage de s'engager dans les 3 grandes étapes à venir avec une transmission dans un tel état. Je réfléchis encore, j'hésite puis j'appelle Véro au secours qui vient me porter mon Gravel jaune. Grand merci à elle.
Je continue à monter difficilement et traverse d'abord le premier col du jour, le COL DE HOURATATE 1009 METRES et je file ensuite jusqu'au COL DE BOUEZOU 1009 METRES, pas loin de là. C'est un site magique avec une grange d'altitude appartenant à la famille Patie de Lees Athas. C'est le seul endroit en montagne ou j'ai passé, de toute ma vie, une nuit avec mes deux parents et mes deux frère et sœur, il y a déjà 50 ans de cela ...
En attendant Véro je vais gravir le COUTCHET DE SALETTES 1100 METRES. Il fait très beau, Véro arrive et nous mangeons ensemble après avoir procédé à l'échange des vélos.
Et je reprends ma route.
D'abord je descends un peu puis c'est la longue remontée pour entrer dans la vallée de Barétous. La montagne ici est froide, hostile, minérale. C'est un paysage étonnant qui me saisit chaque fois que j'y passe. Les derniers kilomètres avant le col sont longs, pénibles et rudes.
La fin de cette montée est bien difficile, j'arrive au COL DE LABAYS 1351 METRES par des températures estivales.
J'entre alors dans la vallée de Barétous en empruntant l'axe qui monte à la station de ski de la Pierre Saint Martin. Le trafic est important mais la route large me laisse la place de rouler. Je remonte cette haute vallée en franchissant d'abord le PAS DE GUILLERS 1436 METRES puis un peu plus loin le PAS DE LAMAYO 1450 METRES. Un petit kilomètre de plus en longeant de belles murailles de calcaire et j'arrive enfin au large et fameux COL DE SOUDET 1450 METRES, grand col du Tour de France. Il fait un peu de vent. L'instant est doux et agréable, sur ce grand col entre Béarn et Pays Basque, je pense fort à Remi et Pierre qui ont déjà traversé avec moi ces quelques cols. Je jette un œil au vaste panorama de rochers et de neige et je plonge coté Pays Basque vers Sainte Engrace. Je descends le versant Ouest du col de Soudet, froid et humide et j'arrive rapidement au COL DE SUSCOUSSE 1450 METRES. Je ne peux résister et monte un peu plus pour aller chercher le COL DE SAINTE GRACIE 1425 METRES. Je suis content de l'avoir fait mais ce petit supplément me pèse un peu sur les cuisses. Sans m'apercevoir que je laisse un col pas loin, je fais demi tour, redescends jusqu'au col de Suscousse puis plonge littéralement pour une incroyable descente, raide et spectaculaire jusqu'au village de Sainte Engrace.
Je n'ai pas le temps de m’arrêter et je poursuis ma descente de toute cette haute vallée de Sainte Engrace. C'est un profil identique à celui de la vallée d'Aragnouet, longue interminable même, avec beaucoup de hameaux tout au long de la route.
J'arrive au carrefour qui va me laisser prendre la route d'Iraty. J'appelle au téléphone le gite car je vois le temps qui passe, la nuit va me surprendre. On me rassure, je repars.
Je remonte rapidement jusqu'à Logibar ou je fais une bonne halte repas. Je sais que ce qui m'attend va être très dur, très pénible, épuisant. J’atteins d'abord le village de Larrau après une première terrible montée. Dans le village, je rencontre 2 basques qui m'encouragent à continuer. La route descend puis file jusqu'à un pont et attaque la montée. Il me reste alors 6 kilomètres, les 2 premiers sont presque gentils avec du 6 ou 7%. Je croise la secrétaire du gite qui me propose de me transporter, je décline son offre.
Et je vais alors me heurter alors à un véritable mur de 4 km à plus 12 % de moyenne avec donc des passages à 13 ou 14 %. Pas un bruit n'arrive à mes oreilles, c'est un silence absolu dans cette nuit basque qui tombe. L’effort est terrible et très violent. Chaque coup de pédale me coûte me pèse et m’épuise. Je roule au milieu de la route dans une solitude absolue. Le gardien de nuit du gite vient à ma rencontre avec son gros 4x4 mais à lui aussi, je décline son offre.
L'effort continu encore. Dans la lueur de mon phare, seuls les 2 mètres carrés devant ma roue sortent du noir total qui m'enveloppe.
Je surveille les panneaux du conseil départemental qui jalonnent cette fin. Soudain je crois voir dans l’obscurité un replat. C'est bien ça, c'est le COL ORGAMBIDEXKA 1287 METRES. Je sais que la fin de cette terrible montée approche. Un dernier ruk et me voila au COL DE BAGARGI 1330 METRES. Il fait nuit, tout est endormi, je suis épuisé, rincé, vidé, mais je roule encore sans douleur. Le gardien m'accueille et me félicite. Il m'accompagne au bureau je paye et je m'installe dans le gite, vaste et confortable . Je suis seul mais très heureux d'avoir réussi cette belle étape.
DIXIEME JOUR. NEUVIEME ETAPE.
DES CHALETS D'IRATY AU CAMPING GITE DE SARE
3 FEVRIER 2020.
85 KILOMETRES
17 COLS
Apres la terrible fin d’étape de la veille, le lever est un peu laborieux avec beaucoup de douleurs de raideur dans tous les coins du corps. Je me prépare lentement mais avec bon moral.
Je quitte ce beau gite un peu à regret car l'endroit est accueillant. Pour bien démarrer cette nouvelle étape je pars vers le haut de ce cirque d'Iraty. Je le connais bien et j'en profite pour l’apprécier encore une fois de plus.
Je repasse bien sur au COL DE BAGARGI 1330 METRES, traverse le COL D'HEGUICHOURIA 1319 METRES et prends la route de l'Orhy.
Le paysage est génialement beau, désert et silencieux, je ne vais voir absolument personne pendant toute ce début de matinée. En suivant cette route goudronnée, dont je ne connais pas beaucoup d’équivalent en France, je traverse ainsi le SARCAGOYTY CO LEPOA 1402 METRES puis le COL MEHATZE 1383 METRES et le ETCHEGARATE LEPOA 1425 METRES. J’hésite mais je ne peux me résoudre à faire demi-tour si tôt. J'arrive donc de même au COL ILLARE MURU 1465 METRES qui me lâche des vues très étendues sur les vallées vers l'Ouest. Je suis obligé de descendre du vélo pour traverser un petit névé de neige dure avant d'arriver au CHARDECA LEPOA 1535 METRES et je ne peux m’arrêter de rouler avant d'atteindre le COL SENSIBILE 1547 METRES.
Il est alors raisonnable de faire demi-tour et de descendre pour reprendre ma route vers la mer. Je refais le chemin en sens inverse, repasse au gite ou je récupère mes sacoches et plonge vers le bas du vallon d'Iraty. La aussi c'est la solitude complète qui m'entoure pendant cette premiere descente ...
Parvenu au plateau d'Iraty, je constate que de beaux travaux d’aménagements ont été réalisés et je me dirige aussitôt vers la route Ouest, je n'ai pas le temps de monter au col de Burdin. Je franchis une barrière fermée qui va donc empêcher toute circulation automobile et je roule dans les forêts épaisses du sud de l'Okabe. J'arrive sans trop de mal au COL DE SOURZAY 1135 METRES puis en traversant une partie forestière encore plus froide et hostile, j'atteins le COL D'IRAU 1008 METRES.
Je traverse le très vaste cirque d'Irau pour passer par le col HARLEPO 986 METRES et attaquer la remontée suivante afin d'atteindre le fil de la crête qui va me ramener à Esterencuby. Je me heurte à une petite remontée courte mais un peu pénible, je laisse à ma gauche la route d'Errozate et m'engage sur une petite route bien goudronnée qui passe d'abord par le COL ARTHARBURU 1119 METRES. La route va maintenant descendre comme je m'y attends traversant trois cols successivement COL ASQUETA 986 METRES puis COL ARTHE 937 METRES puis, un peu plus loin COL OYANBELTZE 891 METRES.
C'est un parcours génial de beauté et de solitude. Je passe au gite de Kakoleta ou j'ai passé une nuit inoubliable pendant la traversée estivale de 2015 avec mes deux garçons Pierre et Rémi et mes deux amis Maurice et Stéphane... Je poursuis ma descente en suivant la même route goudronnée, balisée GR10. Arrivé au village j'ai une pensée pour mon ami Pierre Brutails décédé dans ces montagnes, tué par un écobuage assassin et je stoppe au restaurant du centre. Le repas que j'y prends copieux et souriant me fait oublier mes efforts de la veille.
Je vais ensuite descendre toute la vallée de la Nive de Beherrobie jusqu’à Saint Jean Pied de Port. La ville est animée comme d'habitude mais je n'ai pas le temps de m'arrêter. Je roule, dépasse Saint Martin d'Arrossa puis arrive à Bidarray. Il fait toujours aussi beau et j'emprunte alors une petite route goudronnée qui file rive gauche de la Nive. C'est un parcours orignal et superbe qui lâche bien entendu de méchantes remontées courtes et épuisantes.
Je franchis le PAS DE ROLAND 50 METRES avec son défilé rocheux et étroit même pour les vélos. Voici Itxassou et ses redoutables côtes. Je n'ose pas passer par Cambo ou habite mon ami de toujours et je file vers l'ouest. Voici Espelette. J'y cherche une épicerie, mais n'en trouve pas la moindre. Je franchis alors le COL DE PINODIETA 176 METRES pour atteindre Ainhoa et Dancharia. Comme l'aurait fait Yann, je fais quelques courses de ravitaillement et arrive enfin à Sare alors que le mauvais temps fait son apparition.
Je suis logé dans un camping qui me réserve un mobil home. Parfait et remarquable comme accueil.
ONZIEME JOUR. DIXIEME ETAPE.
DU CAMPING GITE DE SARE A CHEZ JOSETTE A CIBOURE.
4 FEVRIER 2020.
48 KILOMETRES
6 COLS
Quand j 'ouvre la porte du gite, o surprise, il pleut ! Ça va être réussi comme dernière étape. Cela le sera effectivement et pluvieux et réussi.
Je traverse Sare et ses alentours et monte au premier col de la journée sous une pluie battante par une drôle de route qui semble être plate alors qu'elle monte. Décidément les reliefs basques sont vraiment uniques. Voila le COL DE LIZUNIAGA 225 METRES. Tout est trempé de pluie, un groupe de randonneurs change d'avis et rentre à la maison. J'essaie en vain de les faire rester... Je descends ensuite sur Vera de Bidassoa, belle petite ville espagnole, rincée par des averses continues. J'ai un peu de mal à trouver la direction d'Ibardin mais je finis par y arriver. Je prends alors cette route internationale peu fréquentée et bien asphaltée. Montée de quelques kilomètres rendue particulière avec cette pluie incessante.
J'arrive au COL D'IBARDIN 317 METRES. Il fait vraiment tres mauvais. Je ne sais que faire. Je bois un café au bar du col et repars. Je grimpe jusqu'aux plus hautes bentas mais le mauvais temps avec mes sacoches m'interdit de passer par la montagne. Pour ne pas rentrer bredouille de cols je file par les pistes Nord pour gravir dans la bouillasse le COL DE BATZALEKU 395 METRES puis plus loin toujours dans la même gadoue au MAROACO LEPOA 314 METRES. Trempé comme un canard, patassé comme un cochon je retrouve le col d'Ibardin puis bascule coté français. Je descends, passe au COL DES ABEILLES 244 METRES.
Je vais ensuite, dès franchi l'ancien poste de douane, prendre sur la gauche une petite route que je ne connaissais pas du tout pour rattraper le bord de l'autoroute surchargée de camions et franchir le COL DE COURLECOU 104 METRES, mon dernier col de cette aventure.
Je descends maintenant sur le bord de la Bidassoa pour rejoindre Behobie puis Hendaye que je traverse avec émotion. Nombre de joies et de souvenirs de ma jeunesse sont restes ancrés dans cette petite ville de bord d'océan.
Je me dirige vers vers la gare SNCF qui m’habite car il pleut toujours. Une bonne heure plus tard, réchauffé et je repars. Je passe à l’école du centre, contourne tout le golfe de la Bidassoa et arrive à la grande plage.
Moment magnifique, je pense à mes proches, à tous mes proches, ceux que je vois et ceux que ne vois plus. Je marche sur cette immense plage de sable très fin ou je courrais à perdre haleine avec mon frère, pendant des journées de bonheur.
Je suis heureux de vivre ce moment là, c'est pour celui là que j'ai roulé tous ces kilomètres depuis Argelès. C'est simplement pour faire revivre ces heures de bonheurs enfouis dans les sables de cette plage mais jamais perdus.
Il me suffit maintenant de suivre la Grande Plage, détailler bien évidemment du regard les Deux Jumeaux puis par la route de la Corniche, atteindre Ciboure. Mes amis sont là, ils m'attendent et plus que la douche et les biscuits, j'apprécie hautement la chaleur de leur accueil et la force de notre amitié, déjà ancienne.
Ca y est, j'ai terminé ma 4ème traversée des Pyrénées. Je voulais faire une traversée intégrale et en solo, de la Méditerranée à l'Atlantique pendant l'hiver, malheureusement il me manque encore deux étapes que je devrai réaliser l'hiver prochain...
Je dédie cette belle aventure de vélo et d'hiver à tous mes proches, ceux que je vois et ceux que je ne vois plus.
TOTAL
74 COLS GRAVIS
948 KILOMÈTRES PARCOURUS
A Luchon le 19 mars 2020