GRANDE JOURNEE DE VELO EN HAUTE SOULE. 21 COLS. AOUT 22
TRAVERSEE A VTT.
PYRENEES ATLANTIQUES.
LA PIERRE SAINT MARTIN / COL DE LA PIERRE SAINT MARTIN /
COL ERRAIZEKO / PORTILLO DE LA PISTA / PORT DE LARRAU/
LARRAU/ LICQ ATHEREY.
21 cols traversés. 58 km parcourus.
Je suis avec Véro, c'est le dimanche 28 août. La veille, nous avons monté notre Possl au parking de la Pierre Saint Martin... La nuit a été un peu agitée avec de drôles de rêves mais le matin à 7h, je tombe du lit sans problème. Une heure plus tard, nous quittons cet endroit magnifique, à vélo. Il fait très beau.
Nous prenons la route internationale, ensoleillée et bien goudronnée qui monte gentiment vers la crête frontière. Nous franchissons rapidement sans meme nous y arrêter, le Pas de Massare 1533 mètres qui est aussi l'ancien poste de douane puis un peu plus loin sur la route, le Pas d'Arlas 1698 mètres, goudronné et aimable.
La pente est un peu dure en ce matin de démarrage et nous passons tout de même facilement au col de la Pierre Saint Martin 1765 mètres. Nous basculons aussitôt en Espagne.
Nous traversons alors le karst gigantesque de La Pierre. C'est un panorama toujours fascinant de beauté minérale mais c'est agréable de rouler surtout que l'essentiel de ce début de parcours est en descente... Nous passons au Pas des Basques 1587 mètres puis le col de Couma Longa 1606 mètres et enfin au col de Arra Sarguia 1587 mètres.
Il fait déjà beau et chaud et nous atteignons en une grosse demi-heure depuis la Pierre, le col Errainzeko 1580 mètres, toujours battu par les vents.
C'est vraiment maintenant que les choses sérieuses vont commencer.
Quelques mètres après le col, je prends pied sur les pentes herbeuses juste au-dessus de la route. Véro comme prévu, fait demi tour et rentre au Possl. Je continue seul. Il est 9h15.
Je pousse le vélo en gardant une ligne de traversée sans gagner beaucoup d'altitude sur des pâturages dépourvus de pistes et de sentiers... Je vois au-dessus de moi la crête frontière et je continue à avancer lentement, toujours en poussant mais sans m'arrêter. Je passe ainsi sous le Puerto Grande et je continue à progresser sur des pentes herbeuses sans sentier. Au dessus de moi, c'est la masse impressionnante du Lakhoura et ses pentes sud qui m'incitent à la prudence et à la modestie... Heureusement après une nouvelle belle séance de poussage toujours hors sentier, j'arrive à contourner ce premier obstacle et je me retrouve dans un vaste cirque herbeux avec des formes beaucoup plus aimables, beaucoup plus aisée à traverser avec un vélo à la main... Un dernier effort, je monte vers le haut et je parviens sur la crête rocheuse et accessible. Voici le Port de Sainte Engrace 1741 mètres. Grand beau temps, personne n'est en vue.
Je prends alors la direction de l'Ouest, traverse le pic de Cortaplana que j'ai gravi avec mon fils Rémi il y a plus de 20 ans et je roule même sur la large crête herbeuse sillonnée par un petit sentier de marcheur... Je passe au Port de Cortaplana 1665 mètres et j'aperçois aussitôt le col suivant beaucoup plus bas que moi. La pente herbeuse est heureusement sympathique et aisée à descendre.
Mais, mauvaise surprise, le col est occupé par un grand troupeau de plusieurs centaines de bêtes. Brebis, chèvres, bouc, vaches, bélier, tout ce petit monde pâture gentiment dans cet endroit magnifique... Une angoisse me traverse, si ce troupeau est gardé, je ne vais pas pouvoir passer... J'envisage le demi tour et je crie alors pour alerter l'éventuel patou, tant que je suis en position de sécurité... Et là, excellente surprise, aucun aboiement ne me répond, le troupeau gentiment se décale vers l'Espagne, je peux donc passer sans risque...
J'arrive au col de Urdayté 1416 mètres. Large et magnifique, il est 10h40. J'y croise successivement 2 espagnols, 1 allemand et 2 anglais... Devant moi, c'est l'effort du jour qui me fait face... J'ai maintenant rejoint le GR11, balisé, qui n'est qu'un petit sentier de marche pas très bien tracé... Le col suivant est 400 mètres plus haut et c'est un bel effort de poussage avec un peu de portage qui m'en sépare.
Depuis ce dernier col, la fréquentation humaine est en hausse, je suis maintenant sur un itinéraire fréquenté par les randonneurs.
Je progresse lentement sur cette pente importante. Heureusement le vent m'empêche d'avoir trop chaud et j'avance dans ce paysage inédit et grandiose, toujours en poussant mon engin. En pleine montée, je m'aperçois que je passe tout près d'un col sans le voir. Je fais donc le crochet pour le col de Bimbaleta 1679 mètres, il est 11h33.
Il me reste maintenant à fournir un dernier effort pour atteindre le col suivant, passage fréquenté par les ascensionnistes d'un sommet tout proche. Me voici donc entièrement en Espagne le Collado de Gimbeleta 1811 mètres est un col étroit de montagne, à fière allure.
Il est midi, je suis alors le sentier qui plonge vers le nord. Net et bien tracé, l'exercice est facile. L'itinéraire perd d'abord de l'altitude puis, dès que cela est possible, il file en suivant la courbe de niveau vers le col suivant... Je retrouve la France au Port de Belhay 1726 mètres ou je rencontre une famille bien sympathique qui me montre, à la jumelle, des isards... Il est 12h45.
Je traverse le Port de Belhay et toujours en poussant sur un sentier facile et roulant j'atteins sans difficulté le Zothaleko Lepoa 1696 mètres, large, herbeux avec une belle borne frontière. Il est 13h, je fais mon repas du jour. Je suis satisfait, je suis au cœur de paysages perdus et peu fréquentés. Et pour le moment tout va bien, toujours pas un nuage dans le ciel.
Je rejoins le col suivant en roulant sur un étroit sentier qui me provoque tout de même deux belles chutes sans gravité... Lors de la première, je lâche mon vélo dont l'extrémité de la poignée du guidon m'écrase parfaitement l'orteil du pied droit... Personne pour me plaindre? Je me relève et je continue... Et quelques dizaines de mètres plus loin, nouvelle gamelle. Cette fois c'est le casque qui tape fort sur un rocher du bord du chemin. Merci mon ami !
La fatigue, sans doute...
J'arrive maintenant au large col Portillo de la Pista 1662 mètres qui me fait retrouver la France.
De ce dernier col, la descente est douce et agréable sur une magnifique pelouse verte et roulante, jusqu'à une belle piste déserte... Assoiffé, je roule jusqu'à la cabane d'Ardane où le berger, sa famille et ses copains m'accueillent très gentiment. Grand merci à eux et pas seulement pour l'eau.
Je reprends alors la piste large et roulante qui monte et descend gentiment, traversant ces hautes pentes herbeuses hérissées de nombreux cols et sommets... Je passe au Arralteko Lepoa 1425 mètres et je continue à rouler espérant rejoindre rapidement le goudron.
Soudain, juste au dessus de la piste, un spectacle naturel mais impressionnant me stoppe. Des dizaines et des dizaines de vautours sont massés sur les pentes du Belutza. C'est la curée. Ces grands oiseaux se battent entr'eux pour dévorer une brebis dont il ne restera bientôt plus grand chose. C'est un spectacle hallucinant et glaçant avec beaucoup de mouvements et surtout des cris très étonnants qui ressemblent plus à des aboiements qu'à des cris d'oiseaux. Je reste quelques minutes à contempler ce spectacle et je vais gravir deux cols de crête: le Port de Belutza 1540 mètres et le Bidorrexarreko Lepoa 1558 mètres, juste un peu plus loin.
Mes jambes commencent vraiment à être lourdes, je reprends la piste et alors que je me rapproche de plus en plus de l'Orhy et de sa grandiose face Est, j'atteins enfin le goudron de la route départementale. Mais 100 mètres de dénivelé sur une large route écrasée de chaleur me séparent encore du col suivant... Après de nombreux virages sur la route montant toute droite, j'atteins péniblement le routier Port de Larrau 1576 mètres.
Je suis vraiment fatigué par ce dernier effort. Une ravissante espagnole me prend en photo et je plonge dans la descente, coté français.
La route coupe la vaste face Est de l'Orhy que j'ai descendu la première fois pris dans un orage terrifiant, accompagnée par Mireille et Anne mes amies de l'époque, c'était en juin 1979!
Beaucoup de vaches sur la route mais j'arrive sans problème au col d'Erroymendi 1382 mètres puis au Zakiko Lepoa 1339 mètres... Je prends alors le chemin du retour en descendant la route principale, longue et raide à souhait... Je traverse pour cela le village de Larrau et le hameau de Logibar avant de retrouver Véro et le Possl au carrefour de la route de Sainte Engrâce... Merci à elle de m'avoir ainsi attendu.
Je suis cuit, bouilli, rincé mais heureux d'avoir réussi cette traversée à laquelle je pensais depuis longtemps.
Le mercredi 31 août 2022. Buros.